S
SATIRE f.
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Représentation
ironique des abus, des ridicules ou des vices des moeurs, des
institutions ou de personnages contemporains. Poème traitant
ce sujet. Par exemple: les Satires de Boileau. |
SONNET m.
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Poème à forme
fixe composé de 14 vers répartis en deux quatrains
suivis de deux tercets. |
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Les rimes sont
arrangées de la façon suivante:
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abba / abba / ccd
/ ede |
ou: |
abba / abba / ccd
/ eed |
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formant dans
les deux cas, un SONNET REGULIER. Tout autre arrangement
des rimes constitue un SONNET IRREGULIER, par exemple ceux de
Baudelaire. Le dernier vers d'un sonnet s'appelle la CHUTE (voir
à ce terme, voir aussi à POINTE). |
SONORITES
EXPRESSIVES f.
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Certains mots , qui
ne sont pas pour autant des onomatopées, ont
parfois, en raison des sons qui les composent, tendance à
évoquer un rapport naturel entre le mot et ce qu'il signifie.
Mais il s'agit en réalité d'un rapport très
subjectif. "C'est le sens du mot qui pousse à chercher
un effet musical dans un groupe de sons" (C. BALLY). Par
exemple, la sonorité de siffler évoque sans
peine le son de l'action que ce verbe désigne, alors que
les mêmes sonorités passent inaperçues dans
le mot syphilis. Les écrivains, et plus particulièrement
les poètes, tirent parfois des effets esthétiques
de la valeur affective des sonorités. Mais cette valeur
doit "être subordonnée à un rapport
étroit entre le nom, le contenu du mot et le sens de la
phrase" (M. CRESSOT). |
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Pour qui Sont Ces Serpents
qui Sifflent Sur vos têtes?
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RACINE, Andromaque, V, 5.
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Vers dans lequel l'effet
expressif de l'ALLITERATION - ou répétition d'un
son - est relativement simple. Souvent les combinaisons de sonorités
sont plus complexes et l'analyse de l'effet produit plus délicat: |
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Les nonchalanCES Sont Ses plus grandS
ArtifiCES.
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MATHURIN REGNIER, Satire, IX.
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L'allitération(S)
donne à ce vers une certaine mollesse, tandis que la répétition
des sonorités nasales (ON, AN) lui donne une longueur
inusitée deux effets parfaitement appropriés au
sens de la phrase. Le retour de certaines lettres ou de certains
groupes de lettres contribue certes à donner au vers un
son dominant mais on ne doit pas oublier qu'un même
son peut produire des effets très différents
selon sa position, sa fréquence, les allitérations
qui l'encadrent et surtout selon le sens de la phrase: par exemple,
on trouve des sons clairs: |
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Tous les jours se levAIENT clAIRS ET
serEINS pour eux.
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RACINE, Phèdre, IV, 6.
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SouverAINE des mERs qui vous doivent
pORter.
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id. Mithridate, I, 3.
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des sons éclatants:
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Comme il sONnA lA chARge,
il sONne lA victOIRE.
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LA FONTAINE, Fables, II, 9, "Le Lion
et le Moucheron".
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des sons aigus:
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Tout m'afflIge et me nUIt et conspIre
à me nUIre.
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RACINE, Phèdre, I, 3.
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des sons graves et solennels:
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Qu'est-ce que le seigneur va donner à cet
homme
Qui, plus grANd que CésAR, plus grANd
mEme que ROme,
AbsOrbe dANs sON sORt le sORt
du gENre humain?
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VICTOR HUGO, Les Chants du Crépuscule,
"Napoléon II".
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des sons profonds et sombres:
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Moi-même il m'enferma dans des cavernes
sOMbres,
LIEUx profONds et voisins de l'EMpire des
OMbres.
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RACINE, Phèdre, III, 5.
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J'aimais la manOIR dont la rOUte
Cache dans les bOIs ses détOURs,
Et dONt la porte sOUs la vOUte
S'enfONce entre dEUx LARges tOURs.
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VICTOR HUGO, Odes et Ballades, "La
Bande noire".
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des sons vifs et percutants:
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Après qu'il eut brouTé, TroTTé,
fait Tous ses Tours
Janot Lapin retourne aux souterrains séjours.
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LA FONTAINE, Fables, VII, 13, "Le Chat,
la Belette et le petit Lapin".
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qui donnent l'impression
de mouvements rapides et saccadés ou, comme dans le vers
suivant, d'émotions contradictoires, d'agitation mentale: |
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Percé de Tant De Coups,
Comment T'es-Tu sauvé?
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RACINE, Andromaque, V, 5.
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des sons lents et pesants:
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Je demeurai lONgtEMps errANt
dANs Césarée.
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RACINE, Bérénice, I, 4.
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Et des peuples errANts demANdaient
leur chemIN.
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VICTOR HUGO, La Légende des siècles,
"Le Satyre".
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Les canONs mONstrueux à ta
porte accroupis.
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id. Les Chants du Crépuscule, "Napo1éon
II".
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On remarquera
qu'il s'agit ici de voyelles nasalisées. |
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des sons amortis qui donne au vers un ton confidentiel ou plaintif:
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Elle Meurt à Mes yeux
d'un Mal qu'elle Me cache.
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RACINE, Phèdre, I, 2.
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Et MaINteNANt,
j'habite, hélas! et pour jaMais,
L'iNexorable Erèbe et la Nuit téNébreuse.
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J.-M. de HEREDIA, Les Trophées, "La
jeune Morte".
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des sons coulants:
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très euphoniques,
propres aux évocations de visions et de scènes
agréables,
de sentiments paisibles, et au traitement d'un sujet sur
le ton élégiaque: |
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ComBien de Fois La Lune
a Leurs pas écLairés,
Et, couvrant de ses rais l'émail d'une prairie,
Les a Vus à L'enVi FouLer
L'herbe FLeurie!
...........................................
Tout ce qu'iL Vient de Voir Lui semBLe
une ombre Vaine.
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LA FONTAINE, Adonis.
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Un Frais parFum sortait des touFFes
d'asPHodèle;
Les souFFLes de La nuit FLottaient sur GaLgaLa.
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VICTOR HUGO, La Légende des siècles,
"Booz endormi".
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Vers qui doivent leur charme
à l'emploi judicieux de la consonne liquide L et des labiales
B, V, F (PH).
Le plus souvent, plusieurs effets de sons sont combinés
à l'intérieur d'un même vers. Par exemple,
dans: |
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DANs l'oriENt désert quel
devINT mON ENnUI!
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RACINE, Bérénice, I, 4.
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les voyelles nasalisées
accentuent l'impression de la durée de la solitude du
personnage alors que le son aigu, en position terminale, donne
au vers le ton d'une plainte élégiaque. |
STANCES f. pl.
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Poème lyrique d'inspiration
sérieuse (morale, religieuse, élégiaque,
etc.) composé d'un nombre variable de strophes.
Tirade ou monologue composé de strophes et récité
par un personnage dans une tragédie, une tragi-comédie
ou un drame. |
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Par exemple:
CORNEILLE, Le Cid, I, 7, III, 5; Polyeucte, IV,2. |
STROPHE f.
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Chacun des
groupes de vers arrangés selon une disposition déterminée
de rimes et de mètres, à l'intérieur d'un
poème formé de plusieurs de ces groupes. |
SYMETRIE,
ARRANGEMENTS SYMETRIQUES (de sonorités)
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La |
fille |
de |
Minos |
et |
de |
Pasiphaé |
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A |
FI |
DE |
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[E] |
DE |
IF |
A |
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RACINE, Phèdre, I, 1.
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Ariane, ma soeur, de quel
amour blessée |
Vous |
mourûtes |
aux |
bords |
où |
vous |
fûtes |
laissée! |
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VOU |
OU |
ÛTE |
O |
Ô |
OU |
VOU |
ÛTE |
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ibid., I, 3.
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Pour revivre il suffit
qu'à tes lèvres j'emprunte |
Le souffle de |
mon |
nom |
murmuré |
tout |
un soir |
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SOU |
MON |
NOM |
MURMUR |
OU |
S |
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MALLARME, Sonnet, publ. posthum. NRF 1913.
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Ces arrangements
de sonorités produisent souvent une heureuse HARMONIE.
Dans ces deux vers, il faut aussi tenir compte de la VALEUR EUPHONIQUE
des labiales (B, V, F) et, chez Racine, du passé simple
qui situe les faits dans un passé très lointain,
légendaire. |
SYNECDOQUE f.
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Extension au restriction
de sens. La synecdoque n'est souvent qu'un phénomène
linguistique. On prend par exemple la partie pour le tout et
vice-versa (20 têtes de bétail = 20 boeufs,
vaches ou moutons), le singulier pour le pluriel (l'ennemi
= les ennemis), le particulier pour le général,
l'espèce pour le genre (la saison des roses
= la saison des fleurs, l'été), la matière
pour l'objet (le fer = une arme blanche), une quantité
précise pour une quantité indéterminée
(vingt fois, mille fois - souvent, très
souvent). Un écrivain peut utiliser la synecdoque pour
en tirer un effet plus évocateur que du mot propre. |
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Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Enfin avec le flux nous fit voir trente voiles
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CORNEILLE, Le Cid, IV, 3.
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= 30 navires. |
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La synecdoque est, par nature, très
proche de la METONYMIE. (Voir ce mot).
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SYNESTHESIE f.
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Correspondance entre une
perception (ou une image) et une image fournie par une perception
venue d'un autre sens. C'est le phénomène que Baudelaire
a décrit comme suit: |
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Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs
d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts come les prairies
- Et d'autres corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies (... )
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BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal,
IV, "Correspondances".
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SYNONYME
m.
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Mots ou expressions
de sens identique. |
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identique, semblable et pareil
mot, vocable et terme |
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