C
CACOPHONIE f.
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Rencontre de sons désagréables
à l'oreille: |
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Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs.
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VICTOR HUGO, Les Orientales, "Les
Djinns".
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Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
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BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, "Spleen".
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CATACHRESE f.
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Très ancienne métaphore
passée dans la langue à titre d'expression ou de
vocable et dont le sens d'origine ou étymologique a été
oublié. |
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Atterrir sur la lune.
A cheval sur une chaise.
Un pavé en bois.
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Il s'agit d'un
phénomène linguistique et non pas d'un procédé
stylistique. |
CESURE f.
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Pause naturelle, permise
par la construction syntaxique, au centre du vers. (Voir COUPE et HEMISTICHE).
Chaque moitié de vers coupé par la césure
est un hémistiche. |
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Si vous n'êtes Romain, / soyez digne de
l'être,
Et si vous m'égalez / faites-le mieux paraître.
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CORNEILLE, Horace, II, 3.
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CHANGEMENT
DE TEMPS
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dans une succession
de verbes au cours d'un passage narratif. |
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"C'est ce que nous verrons, coquin!"
dit le Jésuite baron de Thunderten-tronckh; et en même
temps il lui donna un grand coup du plat de son épée
sur le visage. Candide dans l'instant tire la sienne et l'enfonce
jusqu'à la garde dans le ventre du baron Jésuite;
mais en la retirant toute fumante, il se mit à pleurer.
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VOLTAIRE, Candide.
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Le passage du passé
au présent met en relief la rapidité inattendue
de l'action, le renversement de la situation, et met en quelque
sorte l'événement en scène sous les yeux
du lecteur. Puis, la crise passée, la narration continue
son cours au passé. |
CHIASME m.
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Parallélisme dans
lequel les termes qui se correspondent se présentent dans
un ordre inversé. |
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S'il
se vante, |
je
l'abaisse; |
s'il
s'abaisse, |
je
le vante |
(... ) |
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-A- |
-B- |
-B- |
-A- |
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PASCAL, Pensées., (Brunschvicg 420).
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Vous
êtes / |
aujourd'hui
/ |
ce
qu' |
autrefois
/ |
je fus. |
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-A- |
-B- |
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-B- |
-A- |
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CORNEILLE, Le Cid, I, 3.
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Le chiasme donne à
l'expression force et netteté. L'on comparera ce dernier
vers au suivant où la même idée est exprimée
sous la forme d'un parallélisme mais sans
chiasme: |
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Si vous fûtes vaillant, je le suis aujourd'hui.
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CORNEILLE, ibid.
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CHUTE (d'un sonnet) f.
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Phrase finale
ou dernier tercet d'un sonnet. Pointe ou trait d'esprit sur lequel
se termine un sonnet précieux. |
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Belle Philis, on désespère
Alors qu'on espère toujours.
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MOLIERE, Le Misanthrope, I, 2, sonnet
d'Oronte.
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Ce vers peut aussi être
particulièrement évocateur: |
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Et sur elle courbé, l'ardent Impérator
Vit dans ses larges yeux étoilés de points d'or
Toute une mer immense où fuyaient des galères.
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J.M. de HEREDIA, Les Trophées, "Antoine
et Cléopâtre".
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COMPARAISON f.
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Rapport établi à
l'aide d'une conjonction (comme), d'un verbe (ressembler à)
ou d'un adjectif (semblable à) entre deux termes
de la phrase. |
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Il prenait ses repas dans un petit restaurant
de la rue Vivienne.
Là, il mangeait comme on se purge, avec le même
entrain.
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PAUL VALERY, Monsieur Teste.
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Quand le ciel bas et lourd pèse comme
un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis
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BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, "Spleen".
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CONSTRUCTION
NOMINALE f.
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Se caractérise
par l'absence de tout verbe dans la phrase. |
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Il était seul, perdu au centre du cercle
distendu; sans une maison à moins d'une demi-lieue,
sans un homme, que ce berger, grain noir d'avoine, là-bas...
Il se hissa sur le tas de marne: un attelage sur l'autre
versant; il héla, courut: un de ses métayers
avec deux chevaux.
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JEAN de LA VARENDE, Les Manants du Roi.
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La moitié de Madrid pille l'autre moitié.
Tous les juges vendus. Pas un soldat payé.
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VICTOR HUGO, Ruy Blas, III, 2.
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Cette construction contribue
à la concision du récit et met en relief les faits
qu'il présente comme des données brutes. |
COUPE f.
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Pause naturelle, permise
par la construction syntaxique d'un vers. La coupe qui tombe
au centre même du vers s'appelle CESURE (voir ce mot).
Pour être justifiées, les coupes doivent être
expressives et leur effet sur le rythme et l'allure du vers
doit correspondre au sens exprimé. Le RYTHME du vers dépend
des coupes et des enjambements. |
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Des cloches / tout à coup / sautent avec
furie
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BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, "Spleen".
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Les feux du ciel / sans peur / nagent dedans la
mer.
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DU BOIS HUS, La Nuit des nuits.
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Les coupes mettent en relief,
dans le premier cas la soudaineté de l'action et, dans
le second, l'aspect inattendu du jeu des reflets dans l'eau. |
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